Une bonne nouvelle pour le secteur toxicomanies et ses acteurs actifs dans la Réduction des Risques en particulier. La COCOF, avec la participation de la région bruxelloise, soutient la mise en place d’un plan de Réduction des Risques à Bruxelles. Celui-ci devrait pouvoir donner un cadre plus consistant à ces stratégies. L’objectif sera également de définir les priorités dans les projets à pérenniser et à mettre en place dans un contexte de précarité générale.
La FEDITO BXL et la CLDB, la coordination locale drogues Bruxelles, seront les porteurs du projet. Ces deux structures représentatives des acteurs spécialisés bruxellois lorsque réunies, travailleront en partenariat étroit avec l’asbl Modus Vivendi, qui possède une expertise évidente dans ce domaine. Ce plan aura pour objectifs principaux d’identifier les acteurs concernés et les besoins non couverts dans le domaine.
Il devra aussi permettre de hiérarchiser les actions à mener dans notre belle région, et de renforcer la cohérence des actions menées. Il y a donc fort à parier que le cadre législatif actuel (ne) régissant (pas) les actions de RdR sera questionné. Les acteurs les plus concernés réclament en effet la reconnaissance de la Réduction des Risques comme un pilier des politiques en matière de santé dans le domaine des produits psychoactifs, au même titre que la prévention et le soin.
Afin de rencontrer ces objectifs, la méthode choisie sera de partir des milieux de vie, des endroits où se passent les consommations. Les milieux qui seront explorés seront la rue, le monde de la nuit (festif, loisirs), les institutions de soins, le monde carcéral et celui des loisirs sportifs. Si les professionnels du secteur ont leurs « entrées » dans la majorité de ces milieux, le domaine sportif constituera une première exploration dans un univers qui nous reste inconnu. Les questions de dopages, d’usagers de produits stimulants qui échappent à nos sous-secteurs (prévention, RdR, accompagnement) ont motivé ces choix. Les risques liés au dopage ou à certaines 3ème mi-temps semblent suffisamment importants que pour s’y intéresser de plus près.
Nous espérons évidemment que ce plan servira en outre à élargir le soutien encore trop limité au secteur spécialisé à ces stratégies dont l’objectif principal est le maintien de la santé et le bien-être des consommateurs de produits psychoactifs licites et illicites. Malgré les retombées positives et l’impact bénéfique prouvé en terme de santé publique et de bien-être des consommateurs, la posture pragmatique et non moralisatrice des professionnels de la RdR reste mal acceptée par de nombreuses personnes hors du secteur qui jugent peut-être trop laxistes, ou accommodantes, ces stratégies….
Ces préjugés, quoique infondés, incohérents et battus en brèches par l’évidence scientifique, ont cependant des conséquences néfastes pour nos professionnels. Il est difficile de ne pas y voir un lien de cause à effet : l’ensemble du secteur de la RdR reste marqué par la précarité du soutien à ces projets. Comptoirs d’échange de seringues, formation de professionnels à la RdR, accueil « bas seuil » d’usagers (qu’il conviendrait d’appeler seuil adapté), testing de produits,… Sont autant de projets affaiblis par un financement insuffisant ou temporaire. Nous espérons donc que ce plan pourra aider les autorités compétentes dans le domaine des drogues à poser des actes politiques courageux, ou plutôt éclairés, en ne tenant pas compte de la vox populi mais bien des retombées objectives positives que ces programmes apportent pour les usagers et la cité dans son ensemble.