Salles de consommation

Introduction

La question des salles de consommation à moindre risques (SCMR) alimente actuellement les débats publics et médiatiques dans divers pays. Ceux-ci sont interpellés par certaines impasses en ce qui concerne la prise en charge de nombreux consommateurs de produits illicites dans l’espace public. En effet, dans de nombreuses grandes villes, les autorités et les professionnels de la santé sont confrontés à des situations de « scènes ouvertes », des lieux où en permanence, des usagers de drogue, souvent très précarisés, achètent et consomment leurs produits dans l’espace public. Ces consommations en rue, dans les lieux publics, tels les cages d’escaliers, parkings, toilettes publiques, gares, rues étroites, bâtiments abandonnés exposent les usagers à des risques accrus pour leur santé. La saleté des lieux, le manque d’eau, la promiscuité entre usagers, le partage de matériel d’injection, la consommation à « la-va-vite », ne permettent généralement pas de requérir au minimum d’hygiène nécessaire à la réalisation de consommation sans risque. Ces consommations dans l’espace public posent également des problèmes de tranquillité et de convivialité évidents (abandon de seringues usagées, deal, sentiment d’insécurité,…)

Les personnes qui arpentent ces « scènes » sont souvent en situation de grande précarité et échappent, pour plusieurs raisons, aux dispositifs de soins et d’assistance habituellement proposés (basés sur l’abstinence, ou sur les traitements de substitution). Ils interpellent les autorités et les professionnels du secteur tant sur des questions de tranquillité publique que de santé publique. Et fait surgir dans le débat politique la mise en place de SCMR.

Le débat est d’ailleurs plus qu’ouvert aujourd’hui en France où les acteurs de terrain et diverses associations de la « réduction des risques » se sont mobilisés et fédérés autour de cette question depuis quelques années. Il semble aujourd’hui acquis, au vu des dernières déclarations de la Ministre de la Santé, que cette mobilisation massive va conduire prochainement à l’expérimentation de SCMR en France aux alentours de 2013. Confrontés aux mêmes impasses, liées en partie au régime légal dans lequel nous évoluons et à la crise sociale majeure qui traverse nos sociétés contemporaines, ils ont été s’inspirer de ce qui se passait « ailleurs » pour tenter de proposer la mise en place de nouveaux dispositifs. Or, ailleurs, justement, des telles initiatives ont déjà été expérimentées depuis plusieurs années et semblent, au vu de toujours plus de nouvelles recherches, donner des résultats encourageants. Ainsi, en Europe (91) et en Amérique du Nord (2), c’est au total 93 SCMR qui ont été ouvertes depuis 25 ans avec pour la plupart des résultats plus que positifs en terme de santé publique.

Qu’en est-il en Belgique ?

Le débat ouvert en Belgique depuis de quelques années et les tentatives concrètes d’ouverture de SCMR à Charleroi et à Liège n’ont à ce jour pas aboutis à la mise en place concrète de tels dispositifs.

Malgré de plus en plus d’études scientifiques sur les effets de ces dispositifs, le débat sur cette question reste délicat puisqu’il touche à des thèmes de société sensibles et finalement assez mal connus par la majorité des gens, à savoir la consommation de drogues et la grande précarité dans nos sociétés contemporaines. L’ouverture de tels dispositifs pose des questions d’ordre éthique, sanitaire, économique et social. Mais c’est clairement au niveau éthique que la controverse est la plus marquée et que s’y invitent toutes sortes d’interlocuteurs avec divers degrés d’expertise.

Les SCMR ne se proposent pas comme une réponse à toutes les questions que pose la consommation de drogues dans nos sociétés,  mais peuvent, peut-être, dans le concret faire évoluer une situation aujourd’hui présentée par de nombreux professionnels comme difficilement soutenable au niveau humain.

Mais de quoi s’agit au juste?

Et ce, pour que le débat puisse avancer !

Bonne lecture !

Dossier

Salles de consommations à moindre risques dossier d’info (PDF) F. Baufay / FEDITO BXL, décembre 2012

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